top of page

DORMEUR  2001

2 Tirages argentique - Contrecollé aluminium 

120 X 360 cm

         

Sur le quai d'un métro, je remarque un homme allongé au sol. Plus tard, je décide de mettre en scène cette vision et de la photographier sur deux angles différents. 

 

Copyright Nathalie Rao - Dormeur 2001

 Vue exposition X CAC Passages Troyes CAC Passages 2001

Dormeur s'inscrit dans le même axe de travail que "Conjonctions de coordinations" vidéo et "Vrai(s)emblable(s)" photographies. c'est une recomposition visuelle tirée d'une expérience vécue : "En descendant les escaliers d'une bouche de métro,  j'ai vu un homme allongé au sol."

Dans le même processus que "Conjonctions de coordinations " où "je me réfère à la mémoire pour reconstituer des scènes vues. J'ai demandé à un ami de dormir dans un passage public, le temps des deux prises photographiques instantanées."

Deux photographies d'une même scène, un homme allongé au sol, pris de deux points de vue différents. Conçu comme un assemblage, les deux images sont rapprochées dans l'espace d'exposition. Elles ont une taille similaire d'un mètre quatre vingt de largeur sur un mètre vingt de hauteur. Les images sont prises avec un appareil photo automatique dans l'expérience d'une instantanéité, d'une vitesse de la prise/pause photographique comme lorsque l'on regarde quelque chose ou quelqu'un dans un mouvement. Dans l'image de gauche, un homme est allongé à l'entresol d'un escalier, photographié de dos, on voit à l'arrière plan deux passants cadrés à mi-corps monter les escaliers. Dans l'image de droite, le même homme est photographié de face, on voit deux passants cadrés à mi-corps descendre l'escalier. L'image de gauche suggère la mort de l'homme tandis que celle de droite l'homme paraît dormir.

L'escalier, le passage n'est pas pris en compte de la même manière que "vrai(s)emblable(s)", ce n'est pas un lieu représentatif comme la gare où l'on projette de se faire transporter mais plutôt le lieu d'une expérience physique du mouvement et de l'espace. L'escalier par la fonction de descendre ou de monter indique la logique d'un haut/bas, d'une stratification de l'espace, d'un avant/après, d'une chronologie de l'espace, d'une entrée/sortie, c'est une identification de l'espace. c'est un espace qui implique une logique du déplacement, du mouvement de la circulation. "J'ai choisit l'escalier pour cette logique du déplacement pour pouvoir ensuite m'en servir pour l'assemblage."
Dans la considération de deux états, les angles de vue sont déterminants dans une image, l'homme dort: on voit son visage, dans l'autre, il est mort : on ne le voit pas. L'identité de la personne va s'opérer par son état. "J'ai assemblé les deux images correspondant à deux espaces / temps différents pour créer un seul espace. Cet espace devient un escalier en "un point de fuite" d'où l on voit arriver de loin quatre passants (circulation, mouvement)" .On reconnait le même homme doublé dans l'espace, à la fois mort et vivant, ce qui amène à une double perception de la représentation de l'espace et du temps, alors que la simultanéité du regard s'opère hors champs dans une mémoire de l'assemblage.

Le titre "Dormeur" est reconnu comme la fonction de la personne qui est en pris en  photo aussi si l'on dissocie les deux syllabes, on y trouve phonétiquement le verbe dormir et mourir à l 'impératif réunit. Un impératif lié à une réalité qu'il convient de déconstruire pour être reconstruite afin d'envisager une fiction entendue comme possibilité dans un principe de réalité. Dans l'expérience d'un regard, il y a cette attention à percevoir ce que l'on cherche à percevoir, c'est dans cette recherche infinie perspectives visuelles que l 'image se révèle profondeur.


Texte Fabienne Fulchéri pour l'exposition Cac Passage Troyes 2001

 Tous droits réservés Nathalie Rao © 2024

bottom of page